Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports,
Vous nous faites l’immense honneur de votre présence dans notre département si rural et si éloigné de l’actualité parisienne. C’est pourquoi il est important pour nous de vous alerter sur nos conditions de travail et nos difficultés auxquelles viennent s’ajouter des contraintes territoriales.
Avec la crise sanitaire les enseignants ont plus que jamais démontré la passion qu’ils vouent à leur métier : créatifs et n’ayant pas compté leur temps, attachés malgré tout à la réussite de leur élèves malgré une fatigue importante due à nos nouvelles conditions d’exercice, tout cela sans moyens supplémentaires alloués ni rétribution à la hauteur de leurs homologues européens. Bien au contraire, les ressources en personnels et en matériels continuent de disparaitre et notre passion s’étiole peu à peu, se transformant en véritable désespoir lorsque chaque mois nous réalisons que le montant affiché en bas à droite de notre bulletin de salaire est une considération bien maigre voire méprisante. Accueillir toujours plus d’enfants dans des salles de classes devenues trop petites, avec des moyens d’aide aux plus fragilisés par la vie en baisse continuelle, n’est plus tenable. L’école de la République ne se gère pas comme une entreprise privée. C’est pourquoi, soucieux de nos élèves et attaché au service public d’éducation, nous tenons, Monsieur le ministre, à vous faire part de nos difficultés et de nos attentes à l’occasion de votre venue en Haute-Saône.
– CRISE SANITAIRE :
Des conditions de sécurité sanitaire non garanties, une improvisation permanente entre incohérences, ordres et contre-ordres, masques fournis par l’Education Nationale inadaptés, voire dangereux, rien n’est fait pour tenir compte des effets de la pandémie sur les moyens (vétusté des écoles, inégalités des moyens alloués par les collectivités territoriales en termes de matériel de désinfection), les programmes, les examens. Nous constatons des écarts entre les chiffres de santé public France et ceux du ministère, largement évoqués lors des interventions médiatiques.
Nous demandons à ce que notre sécurité et celle de nos élèves soit préservée, tout en garantissant à tous nos élèves le droit à un enseignement de qualité par : l’allègement des effectifs d’élèves en classe qui permettraient par le même biais la réouverture des lieux couverts pour la pratique de l’EPS.
– SALAIRES :
69% des personnels ne sont pas concernés par la récente revalorisation dont vous vous félicitez :
– Rien n’est prévu pour les AESH-AED,
– Pas de compensation des pertes liées à l’inflation,
– Une prime d’équipement informatique dérisoire qui exclut les CPE et les professeurs documentalistes,
– Rien non plus pour les personnels non-enseignants,
– Un point d’indice qui est gelé depuis des années.
Vous pouvez vous vanter dans les médias que la France est le pays qui a perdu le moins de semaines de classes, ceci grâce à nous enseignants, AESH, AED, tous personnels de l’éducation nationale. Et pourtant nous sommes parmi les moins bien rémunérés de la zone OCDE, avec des salaires inférieurs de près d’un tiers de ceux nos collègues des autres pays. 150 € de prime informatique (dont sont exclus nos collègues professeurs-documentalistes : diviser pour mieux régner !) par an sur 3 ans (je vous laisse faire le calcul) quand un ordinateur correct ne coûte pas moins de 600€, sans compter l’imprimante, les cartouches, les ramettes de feuilles et la connexion ! Nous sommes passionnés par notre métier mais votre mépris quant à notre rémunération et nos moyens y est malheureusement proportionnel.
Nous demandons
– le dégel du point d’indice et le rattrapage de l’inflation : rattraper le retard de rémunération des enseignants par rapport à leurs homologues européens nécessiterait une revalorisation des grilles indiciaires de 150 points, soit 700 € par mois en début de carrière et dégressive jusqu’à 100 points, soit 470 € en fin de carrière.
– le doublement de l’ISAE pour reconnaitre l’ensemble des missions et des heures déjà effectuées par la profession.
– la création d’une véritable indemnité annuelle d’équipement de 500 euros afin que les personnels n’aient plus à financer eux-mêmes leurs outils de travail.
– RENTREE 2021 :
Pas de moyens supplémentaires pour les écoles, 1883 suppressions d’emplois dans les collèges et les lycées à la rentrée 2021, 0 création de postes de personnels administratifs, techniques, sociaux et santé depuis 2018.
- Académie de Besançon : dotation en professeurs des écoles = 0.
- Dans notre département : nous apprenons le 14/01/2021 la suppression de 18 équivalents temps plein enseignant dans le second degré et 4,5 dans le premier degré pour la rentrée 2021 : c’est l’hémorragie !
- Au lycée Edouard Belin de Vesoul pour exemple : 54 heures postes risquent d’être supprimées soit l’équivalent de 3 postes et la dotation en heures supplémentaires est en baisse également : moins 13 HSA. Cela s’inscrit dans la suppression de 76 postes dans le secondaire pour notre académie.
Pour rappel : 7490 postes ont été supprimés depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron.
Nous demandons l’allègement des effectifs d’élèves par classe tout en augmentant les effectifs des personnels de l’Education Nationale, ceci afin de favoriser AUSSI la meilleure application possible des gestes barrières tout en maintenant un enseignement de qualité. Nous revendiquons également le maintien et le déploiement des postes PDMQDC (Plus De Maitres Que De Classes) dans les écoles.
De plus, un projet de loi prévoit de rattacher les infirmiers-ères scolaires au département avec le risque d’une redéfinition de leurs missions notamment sur la petite enfance et donc d’une présence moindre dans les établissements scolaires du second degré (en pleine pandémie, alors que tous les jours nous mesurons le rôle essentiel – même si on le savait déjà- de nos collègues infirmiers-ères, il fallait oser !)
– ECOLE INCLUSIVE :
En Haute-Saône, l’école inclusive c’est 1 RASED (réseau d’aide aux élèves en difficulté) pour plus de 1000 élèves, 0 maitre G (espèce complètement disparue), avec pour la rentrée 2021, la fermeture des postes PSYEN (psychologue scolaire) et RASED pédagogique implanté à Luxeuil (Ecole du Boulevard Richet), et de la classe ULIS à Vauvillers (à l’étude).
La Haute-Saône est composée en grande partie de territoires ruraux éloignés. Eloignés des services publics, éloignés de l’emploi et sujette à la pauvreté. Le handicap est aussi et surtout social dans notre département. La diminution d’année en année des moyens des RASED est violente pour nos élèves et pour nous.
Nous demandons des moyens financiers et humains cohérents quant à l’effectif des élèves en situation de handicap (tous les handicaps), ainsi que l’augmentation des structures ITEP.
Nous sommes sûrs, Monsieur le Ministre, que vous saurez prendre la mesure de notre désespoir et tenir compte de nos demandes.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, en notre attachement au service public d’éducation.
Par délégation pour la FSU 70, le SNES 70 et le SNEP 70, les co-secrétaires départementaux du SNUipp-FSU 70,